Témoignages – Voyager en voiture électrique avec des enfants en bas âge, est-ce possible

La Peugeot e-208 GT de Sylvain

La Peugeot e-208 GT de Sylvain

Les électromobilistes qui effectuent des roadtrips en famille ont déjà la réponse. Des automobilistes sont cependant parfois dubitatifs sur la question. Nils, Paul et Sylvain, trois de nos lecteurs, témoignent de leurs expériences.

Des expériences différentes

Chez Nils, l’arrivée du premier enfant s’est traduite par l’adoption au bout d’un an d’une Hyundai Ioniq 5 LR en remplacement d’une Renault Zoé pas bien adaptée à la nouvelle composition de son foyer norvégien. Elle a déjà servi à rejoindre la Suède en famille.

Changement de voiture aussi chez Paul en région parisienne à la naissance de leur fille : une Tesla Model Y Propulsion a succédé à une Volkswagen Passat GTE. Le SUV du constructeur américain a été utilisée du 23 août au 3 septembre 2024 pour un déplacement depuis les environs de la capitale jusqu’à Lyon.

Habitant dans l’Ain, à proximité de Bourg-en-Bresse, Sylvain est le père d’enfants qui ont déjà 5 et 8 ans. Cette année, le vieux Citroën Berlingo diesel n’a pas emmené les quatre personnes dans leurs vacances teintées de généalogie. À la place, un peu pour voir, c’est la Peugeot e-208 GT reçue neuve en avril dernier qui a été expérimentée pour rejoindre les Sables-d’Olonne.

Trois expériences très différentes qui vont nous amener à une destination commune en matière de voyages avec des enfants dans des voitures électriques.

De la Peugeot 104 à la e-208

Agent SNCF, Sylvain a 46 ans. Sa Peugeot e-208 GT apparaît chez lui dans une étonnante continuité. Il bichonne une « Zamusante » Peugeot 104 Z qui a fait l’objet d’un article chez nos confrères de POA. Son témoignage est particulièrement intéressant, car entre ses deux premiers enfants qui ont quitté le foyer et ses deux derniers, il y a 20 ans d’écart : « À l’époque, nous traversions la France avec une Peugeot 205 sans climatisation et sans régulateur de vitesse. Ça se faisait bien ».

Les grosses voitures, notre lecteur n’en est pas vraiment fan : « J’avais auparavant une Peugeot 206 CC. J’étais convaincu par l’électrique depuis un bout de temps. Au moment d’acheter la e-208, nous avons tout de même hésité avec une Tesla Model 3, mais elle nous apparaissait trop grosse pour le quotidien. Au final, une fois les aides enlevées, l’écart entre la e-208 et une version thermique n’était que de 4 000 euros ».

Des vacances généalogiques en 2024 : « Dans la famille, on travaille à la RATP ou à la SNCF. Aller aux Sables-d’Olonne en août dernier était pour moi l’occasion d’aller sur les traces de mon arrière-grand-père qui a travaillé lui-même pour une compagnie de tramway après son service militaire en Algérie en 1900 ».


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Les bagages pour quatre sont entrés dans le coffre

C’est quasiment au dernier moment que le choix du véhicule pour partir en Vendée a été effectué chez Sylvain : « Nous avons finalement laissé le Berlingo qui sortait pourtant à temps de révision pour ce voyage. C’était le choix du confort et j’étais en confiance après un déplacement jusqu’à Sochaux pour visiter le musée de l’Aventure Peugeot. Ces vacances, c’était donc aussi l’occasion de voir ce que donne l’électrique sur un long trajet d’environ 600 km à l’aller et 700 au retour ».

Et pour les bagages ? « Déjà, nous n’avons plus besoin de prendre une poussette. Nous avons fait et chargé nos bagages la veille au soir comme nous le faisions il y a vingt ans avec la 205, en nous disant que si ça n’entrait pas, on verrait bien ce qu’on pourrait enlever. Un grand sac sport pour nous quatre, un sac pour les chaussures, un autre pour les jeux de plages, etc. : le coffre était bien rempli, mais tout est passé ».

Notre lecteur est revenu dans l’Ain avec cette amusante comparaison : « Les enfants ont moins d’autonomie que notre voiture électrique. Avec le nouveau modèle de e-208, j’ai relevé une consommation de 17,5 kWh/100 km avec 80 % d’autoroute à 130 km/h au régulateur et la climatisation en service. J’ai choisi de le faire un peu en mode bourrin, comme avec une thermique, pour voir ce que ça donne. Je ne suis pas déçu ».

Plus d’arrêts pour les besoins humains que pour la recharge

Départ un peu avant 9 h 00 à l’aller : « Nous avons fait les deux arrêts pour la recharge calculés par le planificateur Chargemap. Le premier, c’était à 10 h 48 avant Montluçon, et le second pour le goûter vers 16 h 00 à Poitiers. Entre les deux, nous étions sur le réseau secondaire. À chaque fois, pour des besoins humains, nous sommes restés un peu plus longtemps que prévu par l’application, de l’ordre de 75 minutes pour 50-55 à charger ».

La Peugeot e-208 est arrivée à destination vers 19 h 00 : « Ce qui fait dix heures en comptant tous les arrêts, y compris ceux pour le repas et les petites faims, aller aux toilettes, et le besoin de bouger des enfants. Ma mère, qui allait ensuite ailleurs, est partie dix minutes avant nous de la maison avec sa propre voiture thermique. Elle est arrivée seulement 30-40 minutes plus tôt à destination ».

Une route différente au retour : « J’ai suivi cette fois-ci le planificateur de Peugeot. Il nous a fait passer par une route plus longue. Nous n’avons eu besoin que de trois arrêts pour la recharge au lieu des quatre indiqués. Il faudrait que cette application s’améliore. Peut-être calcule-t-elle encore pour l’ancienne version de e-208. La nouvelle consomme moins. En 6 500 km, j’ai une moyenne de 14 kWh/100 km. Les 400 km d’autonomie, c’est possible ».

De longs trajets sans problème de recharge cet été

Pour Sylvain, le constat est clair : « Voyager en électrique n’a pas changé grand-chose si ce n’est d’arriver moins fatigués. Avec nos enfants et en thermique, nous nous serions sans doute arrêtés autant. Pour de tels déplacements, nous n’avons pas l’œil sur la montre. Je me fiche totalement de l’heure que peuvent indiquer les planificateurs pour l’arrivée. Si on veut s’arrêter, on s’arrête le temps que nous aurons envie ».

L’électromobiliste de l’Ain n’a pas rencontré de problème pour recharger : « Nous étions pourtant partis à l’aller dans le week-end du 15 août ». De son côté, Paul a connu les mêmes conditions pour ses trajets aller et retour entre la région parisienne et Lyon : « Nous n’avons pas connu de problèmes pour recharger. Dans les deux sens, en revanche, nous avons remarqué qu’une station-service n’avait plus d’essence à délivrer ».

Dans son foyer, l’arrivée du premier enfant coïncide avec le passage à l’électromobilité : « Lorsque nous avons su que ma femme était enceinte, nous avons tout de suite commandé une Tesla Model Y. Ce modèle présente des assises hautes, ce qui est pratique pour glisser l’enfant dans son siège auto. Le coffre est suffisamment grand pour pouvoir embarquer toutes nos affaires, et son seuil élevé facilite le rangement de la poussette ».

Grands changements de vie

D’autres raisons ont poussé Paul à abandonner sa Volkswagen Passat hybride rechargeable : « L’habitabilité de ce break était déjà exceptionnelle, mais les économies n’étaient pas vraiment là avec la difficulté de la brancher au quotidien. Elle fonctionnait donc la plupart du temps comme une hybride classique. Je voulais aussi pour notre enfant une voiture silencieuse sans gaz d’échappement qui entre dans le coffre quand on sort la poussette ».

Le choix de la version Propulsion pour le Tesla Model Y est également très réfléchi : « J’avais calculé en comptant large que l’autonomie sur autoroute serait à peu près de 250 kilomètres, soit deux heures de conduite. Ce qui correspond pile-poil aux cycles d’un nourrisson pour les biberons : deux heures de dodo après une heure pour lui donner son repas, le changer et l’endormir. J’ai d’ailleurs remarqué que l’électrique conserve le pouvoir d’endormissement des voitures sur les jeunes enfants ».

Arrivée du bébé, changement de voiture, mais aussi déménagement qui a complexifié la recharge : « Dans les Hauts-de-Seine où nous étions, l’offre de recharge en courant continu était prolifique. Ce n’est pas la même chose dans les Yvelines où nous sommes aujourd’hui. J’utilise les superchargeurs Tesla de Vélizy et de Parly 2 près de Rocquencourt, ainsi que la station Electra de Vaucresson ».

Un seul arrêt pour la recharge…

La jeune enfant aura connu très tôt son premier long trajet de plus de 450 kilomètres : « Elle avait deux semaines quand nous sommes partis le 23 août dernier à 16 h 00 avec 90 % d’énergie dans la batterie. Le planificateur de la voiture avait annoncé deux arrêts pour la recharge, puis finalement un seul à Avallon. Nous ne sommes cependant pas allés aux Superchargeurs Tesla perdu un peu au milieu de nulle part et imposant de sortir de l’autoroute ».

Il était environ 19 h 00 quand la famille s’est arrêtée dans une station TotalEnergies un peu plus loin sur l’A6, à l’aire de la Chaponne. Le choix de la praticité avec un enfant en bas âge : « À peine le temps de changer notre fille et de lui donner son biberon que la voiture était déjà prête à continuer le trajet. Nous avons libéré la place pour aller prendre un café et grignoter ».

Paul a apprécié la configuration des stations TotalEnergies sur l’autoroute : « Les places devant les chargeurs sont larges, un peu comme celles pour handicapés. Ce qui facilite la sortie de la poussette par un côté. Lorsque nous sommes arrivés, seulement trois des sept emplacements étaient occupés ».

…mais davantage pour les besoins humains

Le trajet aller ne s’est pas passé tout à fait comme prévu : « Nous sommes repartis alors que notre fille venait juste de s’endormir. Ce qui l’a réveillée. Nous nous sommes arrêtés à l’aire de repos suivante où elle s’est vite rendormie, jusqu’à Beaune. Au total, nous avons effectué trois haltes de trente minutes pour la rendormir sans que nous ayons besoin de recharger la voiture. Ce qui nous a fait rejoindre notre destination à 23 h 00 au lieu des 20 h 45 calculés par le planificateur ».

Le retour a été plus calme : « En partant à 1 h 00 de Lyon, nous ne nous sommes arrêtés qu’une fois, rechargeant les batteries à la station Ionity de l’aire des Lochères, près de Beaune. Sur six bornes, deux ne fonctionnaient pas bien. La station était cependant déserte. Notre fille a dormi tout du long. Nous avons payé plus cher la recharge que chez Tesla, mais, au moins, on a pu profiter de toilettes propres et grignoter ».

Bilan : « Nous sommes revenus satisfaits de cette première expérience de long voyage avec notre fille et le Tesla Model Y. Tout est entré dans le coffre, y compris la poussette et le lit pliant. Le frunk aussi était bien rempli. La petite batterie est suffisante pour prendre l’autoroute avec des enfants en bas âge. Il manque à cette voiture de quoi occulter le toit panoramique et des pare-soleil à enrouleur aux vitres arrière, comme j’en avais sur la Volkswagen Passat GTE ».


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Des conditions différentes en Norvège

Concernant les stations de recharge sur les autoroutes, Paul formule un seul grief : « Les prix des carburants et les enseignes sont affichés pour comparaison. Ça devrait être pareil pour les bornes électriques ». Un problème qui ne concerne pas encore Nils, chercheur à l’université d’Oslo, et dont les parents habitent dans les Vosges : « Nous attendons que notre fille de 18 mois, soit un peu plus grande, pour effectuer un déplacement en France et leur rendre visite ».

Chez ce jeune papa de 34 ans, l’arrivée du premier enfant a aussi coïncidé avec un changement de voiture, la précédente étant toutefois déjà électrique : « Nous avions depuis 2018 une Renault Zoé. Elle n’est pas vraiment adaptée aux immenses sièges dos à la route pour les enfants. En outre, comme je mesure moi-même 1,90 m, personne ne pouvait s’asseoir derrière moi. Pas mieux pour le rangement d’une poussette compatible avec les conditions hivernales scandinaves. Il faut des grosses roues pour affronter la neige : nous en avons jusqu’à 30 cm de hauteur ».

L’électromobiliste norvégien a pris le temps de choisir son nouveau modèle : « En 2023, j’ai essayé une douzaine de voitures électriques parmi lesquelles les Tesla Model 3 et Model Y, HongQi EHS9, XPeng P7, Audi E-tron, Renault Megane, Skoda Enyaq, Kia EV6, et Hyundai Ioniq 5. C’est cette dernière que nous avons achetée, dans sa version AWD LR. Nous avions parfois des difficultés à rouler sur la neige avec la Zoé. C’est bien mieux avec la motricité intégrale ».

Jusqu’à Göteborg en Suède

La nouvelle voiture électrique de Nils présente d’autres avantages : « On peut y loger facilement la poussette à l’arrière et la grosse batterie nous permettra de venir en France rendre visite à mes parents. Nous allons pour cela attendre encore deux ou trois ans, car c’est un voyage de 24 heures à rouler, sans compter les arrêts. Nous aurions pris tout autant le temps avec un véhicule thermique. Ce n’est pas spécifique à l’électrique ».

Tous les trois ont déjà réalisé des trajets de l’ordre de 500 km : « Ainsi en allant à Göteborg en Suède. L’autonomie de la Hyundai Ioniq 5 est de l’ordre de 300 km sur l’autoroute. À chaque sortie, nous avons des bornes de recharge. Elles sont implantées dans des zones commerciales, ce qui permet d’effectuer des courses pendant le ravitaillement en énergie ».

Une seule recharge intermédiaire est suffisante pour réaliser ce trajet : « À l’aller, nous avons branché la voiture sur un superchargeur Tesla et sommes repartis avec 80 % dans la batterie. Au retour, nous avons rechargé à 11 kW sur une borne en courant alternatif. Nous avons retrouvé en deux heures, le temps de faire les courses, un niveau suffisant pour rentrer chez nous ».

Un arrêt de plus avec une thermique

Pour Nils, voyager avec un enfant en bas âge ne représente pas de difficultés spécifiques : « Je ne vois absolument aucune différence. Si, peut-être, en voiture thermique il aurait fallu un arrêt supplémentaire pour faire le plein en carburant. Avec une électrique, nous nous occupons de notre fille pendant la recharge ».

À bord, tout se passe bien pendant que la voiture roule : « La petite dort sur la moitié de la route. Quand elle est réveillée, ma femme assise à l’arrière l’occupe. Nous bavardons aussi. Avec la Renault Zoé, ça aurait été bien plus compliqué, déjà parce qu’elle n’avait pas la recharge rapide. Nous sommes vraiment contents de la Hyundai Ioniq 5, de son confort, de son interface ».

Cette voiture roule au quotidien : « Elle parcourt environ 30 km par jour. Ma femme m’emmène à la gare avec, puis se rend à son lieu de travail. La voiture est rechargée à la maison. Nous nous disons qu’elle pourrait bien tenir 30 à 50 ans. À moins que d’ici là, on impose les véhicules autonomes pour réduire les accidents ».


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Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Paul, Sylvain et Nils pour leur réactivité, leur confiance et leurs témoignages en réponse à notre sollicitation.

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