Nous poursuivons notre série d’articles consacrés à la Libération du Mazamétain en 1944 avec la camionnette incendiée à Montlédier.
Gilbert Brial a 19 ans quand il rejoint en mai 1944 le maquis du Corps Franc du Sidobre (CFS) pour échapper au Service du travail obligatoire (STO). Il raconte l’épisode de la camionnette incendiée par les Allemands à Montlédier le mardi 15 août 1944.
« Notre camionnette Citroën C4 quitte Durenque, en début de matinée, où sont regroupés les approvisionnements du maquis, dont l’essence, pour Le Bez et Castres par la D53 ».
Il y a quatre maquisards sur le plateau de la C4, deux gros bidons de 200 litres et deux bidons de 50 litres. En cabine, avec le chauffeur, le Lieutenant Geo Feydevielle, chef du convoi.
« Assis sur une souche d’acacia, je vois la C4 qui s’arrête devant moi. Millet, toujours avec ses deux revolvers à la ceinture me dit : « Viens à Castres, tu pourras voir Renée ». Renée est ma fiancée depuis peu. Tenté, je m’approche de la ridelle mais, hélas… Impossible, il n’y a plus de place ».
La C4 démarre, on ne les reverra plus vivants.
La corvée du jour est l’approvisionnement en carburant, c’est-à-dire du diluant peinture avec additif retardateur auprès de la société Peinture déco (aujourd’hui Borchers France, dans les mêmes bâtiments) qui accepte d’approvisionner les maquisards discrètement un jour férié avec l’accord du directeur M. Lauda. Le plein des bidons est fait et le trajet Castres-Mazamet se déroule sans problème.
Le retour par La Richarde au lieu de la D622 et la D30 Le Bez a été décidé pour récupérer Emile Bonnet qui prend place dans la cabine. Il est l’agent de liaison du Commandant Hugues dont le PC est alors installé dans la forêt de Salavert (Maison forestière).
Des corps qui brûlent sur la route
« En fin de matinée, Charles Balfet, métayer à la ferme de Montlédier, monte par la D54 avec son mulet et sa charrette chargée de bidons de lait qu’il vient de livrer à Mazamet. Il entend une violente fusillade. En arrivant près du virage situé avant le cimetière actuel, il aperçoit sur le côté gauche un véhicule en feu. Il attend un peu et s’approche. Il voit alors plusieurs corps qui brûlent sur la route ».
Charles Balfet apprit par la suite que les Allemands, très nerveux après les attaques du maquis au Rialet le 12 août et à Ventenac le 14 août, voulaient protéger leurs convois qui continuaient d’évacuer le dépôt du Vintrou. « Ils ont ce jour-là interdit toute circulation automobile sur la D54. Lorsqu’un de leurs camions, chargé de matériel et équipé d’un fusil-mitrailleur sur le toit de la cabine descend la route en direction de Mazamet et rencontre dans un virage un véhicule suspect, plusieurs rafales d’arme automatique claquent. » Les sept maquisards sont tués sans aucune riposte possible et leur camionnette s’enflamme.
Charles Balfet attend que les flammes diminuent et aidé d’un habitant du Pont-de-Larn accouru au bruit de la fusillade, sort tous les corps restés dans la camionnette pour les allonger sur la route. Il récupère, pour sa famille, la chevalière d’Emile Bonnet dont il a reconnu le corps. Les malheureux maquisards seront inhumés au cimetière de Pont-de-Larn.
Participaient à cette corvée de carburant du Corps Franc du Sidobre : le lieutenant Géo Feydevielle Cchef de convoi, le sergent Paulo Aynes, Marcel Millet, Lucien Montagne, Maurice Dupuis, François Gascuel et Emile Bonnet.
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