FAIT DU JOUR Les voiturettes électriques, une tendance qui conquiert les lycéens

Alors que plusieurs de ses camarades patientent devant la grille du lycée Jean-Vilar, transis par les assauts du mistral, Loevan déjeune tranquillement à l’abri dans son Citroën Ami, en regardant des vidéos sur son téléphone. Le jeune homme de 15 ans, habitant la commune voisine de Rochefort-du-Gard, a sa voiturette depuis un mois, et l’apprécie déjà : « J’ai une grande facilité de déplacement et c’est très pratique. Si un cours s’annule, je n’ai pas besoin d’attendre le bus« , témoigne-t-il.

En dehors des cours, ce petit véhicule lui offre également une grande autonomie. Que ce soit pour chercher à manger, transporter un copain ou se rendre à son entraînement de rugby. Il a même posé son enceinte bluetooth dans un compartiment de l’habitacle, qui fait guise de poste radio : « C’est en attendant de passer mon code et mon permis en conduite accompagnée. Ensuite, elle reviendra à mon petit frère.« 

Loevan est loin d’être le seul à avoir cédé à cette alternative écologique aux deux-roues. « Après le covid, le phénomène s’est beaucoup amplifié. Il y en a une trentaine sur le parking. Même les secondes en ont, ça s’est élargi à toutes les classes. Autant les filles que les garçons« , constate Catherine, agent d’accueil au lycée Jean-Vilar depuis cinq ans. À Villeneuve-lez-Avignon, plus que dans d’autres établissements, les Citroën Ami et aussi les Renault Twizy se font fait une bonne place à côté des scooters, motos et vélos. « Souvent, les personnes extérieures intervenant au lycée ont l’impression d’atterrir dans une concession. (…) Plus ça va aller, plus il y en aura. C’est dans l’air du temps« , ajoute Catherine. 

Six mois de délais de livraison

Les chiffres sont éloquents. Dans le dépôt le plus proche, à Citroën Carpentras (Vaucluse), 63 Ami ont été vendus l’année dernière, essentiellement pour des jeunes âgés entre 15 et 17 ans. « En un an, c’est énorme. Beaucoup des voiturettes du lycée de Villeneuve viennent de chez nous. On est dans le top 10 des points de vente en France« , assure Thibault Mazaudier, conseiller commercial VN et Ami. Il poursuit : « Dans le sud de la France, il y a des besoins de mobilité plus importants. Ici, on est dans une zone plus reculée, parfois mal desservie avec des parents qui n’ont pas toujours le temps d’emmener leurs enfants. Ces voiturettes sont devenues l’option idéale pour remplacer le scooter, car plus sécurisées et du confort en plus. »  

Chaque jour, il reçoit au moins trois coups de fil de clients demandant des renseignements sur le Citroën Ami. La voiturette n’est assemblée que sur commande, alors au garage vauclusien, les délais de livraison atteignent 6 mois. « Certains parents achètent les modèles d’exposition plus chers que le neuf pour en avoir rapidement« , indique le conseiller commercial. Il n’avait jamais vu tel phénomène avant : « C’est un produit hyper jeune, avec un design atypique. Les gamins en raffolent. On vend cinq versions différentes de l’Ami mais il est possible ensuite de la personnaliser avec des stickers, du covering.« 


<span class="image" data-attrib="Fournis par Objectif Gard" data-caption="Il est très facile de customiser ces petites voitures toutes de couleur gris-bleu avec des stickers. • photo Marie Meunier« > Il est très facile de customiser ces petites voitures toutes de couleur gris-bleu avec des stickers. • photo Marie Meunier

© Fournis par Objectif Gard Il est très facile de customiser ces petites voitures toutes de couleur gris-bleu avec des stickers. • photo Marie Meunier

Au garage villeneuvois Chanchou, où on répare les Ami, on constate aussi l’effet de mode : « Citroën a vraiment pris un virage avec ce modèle de véhicules. Ça plait beaucoup et le prix n’est pas un frein. Pour les Ami, le premier prix, c’est quand même 7 000 €. » Pas accessibles à toutes les bourses, ces voiturettes foisonnent davantage dans les villes au niveau de vie assez haut, comme Villeneuve-lez-Avignon. Hors retraités, l’une des catégories socio-professionnelles dominantes est celle des cadres et professions intellectuelles supérieures (souvent bien rémunérés), qui constitue 14,36 % de la population, selon l’Insee. « Je découvre que ça s’est généralisé même dans les collèges de Villeneuve. Je pense que ça répond à un besoin de sécurité des enfants pour les parents. (…) Mais au moment où on parle de plus en plus d’écologie, de vivre-ensemble, ces voiturettes renforcent un style individualiste alors qu’on a quand même des transports en commun« , soulève Éric Vaissiere, proviseur du lycée villeneuvois, qui compte 1 325 élèves. 


<span class="image" data-attrib="Fournis par Objectif Gard" data-caption="Les premières voiturettes électriques sans-permis sont arrivées il y a trois ans au lycée Jean-Vilar. La tendance n'a fait qu'augmenter depuis. • photo Marie Meunier« > Les premières voiturettes électriques sans-permis sont arrivées il y a trois ans au lycée Jean-Vilar. La tendance n'a fait qu'augmenter depuis. • photo Marie Meunier

© Fournis par Objectif Gard Les premières voiturettes électriques sans-permis sont arrivées il y a trois ans au lycée Jean-Vilar. La tendance n’a fait qu’augmenter depuis. • photo Marie Meunier

« La Twizy, c’est comme une moto couverte »

Mais le modèle de forme cubique, à l’avant et l’arrière quasi indissociables, a su se faire une place dans les foyers des lycéens villeneuvois. « On a vu ses voitures passer de trois à plus d’une vingtaine en circulation entre 2021 et 2022« , confirme Nicolas Hery, adjoint responsable de poste à la police municipale de Villeneuve-lez-Avignon. Lui et ses effectifs sont présents plusieurs fois par jour devant le lycée et surveillent aussi le parking via les caméras de vidéosurveillance. « On ne connaît pas de problèmes majeurs avec ces conducteurs-là« , rassure-t-il. 


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© Fournis par Objectif Gard Les Renault Twizy ne sont pas toujours équipées de vitres latérales. • photo Marie Meunier

Et c’est tant mieux. Il faut savoir que l’Ami peut rouler jusqu’à 45km/h avec 70 km d’autonomie avant recharge. Elle est autorisée à aller sur tous les axes hormis l’autoroute et les voies rapides. Après seulement quelques heures de pratique dans le cadre du BSR, les jeunes conducteurs sont lâchés dans la circulation. « Même les petites voitures, ça peut être dangereux« , lâche Edon, en Terminale au lycée Jean-Vilar. « Ce n’est pas très sécurisé, surtout la Twizy, c’est comme une moto couverte. Il n’y a même pas de vitres sur certaines« , rebondit sa camarade, Vénus. 

« Avec cette voiturette, je peux donner plus d’indépendance à ma fille »

Ils n’ont jamais vu d’accident à Villeneuve-lez-Avignon, mais sur les réseaux sociaux, tous ont vu circuler la vidéo d’un Ami se renversant dans un virage à Monaco. « Des fois, il y en a qui arrivent à fond devant le lycée et font des dérapages. C’est aussi risqué pour les autres« , estime Edon. Au volant, il y a de quoi se sentir pousser des ailes. Mais la plupart des jeunes conducteurs se disent sérieux sur la route, comme Clara, 16 ans, qui a eu un Ami d’occasion pour Noël. En plus du BSR, Agathe, sa mère, lui a payé quelques heures de conduite en auto-école et son beau-père est resté sur le siège passager avec elle pendant une dizaine d’heures. D’accord pour acheter un scooter au départ, la maman habitant Avignon a changé d’avis trouvant cela trop dangereux. Elle estimait la voiturette trop chère au départ mais elle est tombée sur une belle occasion : « La circulation a changé, les téléphones portables sont de plus en plus utilisés même au volant. Les automobilistes veulent toujours doubler les scooters, qui peuvent vite se faire envoyer dans le bas-côté. Avec cette voiturette, je peux donner plus d’indépendance à ma fille en la sachant mieux protégée, plus visible et à l’abri du vent et de la pluie.« 


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© Fournis par Objectif Gard Avec ses quatre roues et son habitacle, les voiturettes électriques séduisent les parents plus rassurés de voir leurs enfants dedans que sur un deux-roues. • photo Marie Meunier

Malgré tout, Agathe a dû faire un gros travail sur elle-même les premières fois où sa fille a pris le volant. « Mais je suis contente, elle se débrouille bien, ça lui donne conscience de la route et elle sera peut-être plus à l’aise l’année du permis. Moi je n’ai plus à faire le taxi« , relativise la maman. Même constat pour Stéphane, le papa de Macéo âgé de 17 ans qui habite Les Angles, et détient sa voiturette depuis un peu plus d’un an : « Avant, je devais beaucoup emmener et chercher Macéo et sa jumelle Jade, au lycée. Ma femme travaillant beaucoup et parfois loin. »

Les deux parents anglois les laissent parfois sortir le soir chez des copains ou à Avignon à bord de leur Ami. Ils l’ont payée 8 500 € neuve chez Citroën Nîmes. « L’avantage, c’est que ça se revend très bien et ça ne perd pas beaucoup en valeur« , avance le papa. Certains parents optent plutôt pour la location longue durée à une vingtaine d’euros par mois. Ce qui est plus coûteux, c’est l’assurance. Stéphane comme Agathe ont fait appel à des courtiers en assurance pour trouver une offre moins chère. « Les premiers prix étaient à 200 € par mois« , chiffre le papa de Macéo. Toutefois, la petite voiture de la marque Citroën s’est vendue à plus de 35 000 exemplaires en Europe et offre à ses utilisateurs une solution de mobilité électrique, à prix plus abordable, simple à utiliser, sans permis.

Trois questions à Pierre Leclercq, responsable design pour la marque Citroën

Objectif Gard : Auprès des lycéens, le Citroën Ami connaît un grand succès, comment l’expliquez-vous ? Étaient-ils la cible de départ ?

Pierre Leclercq : Le Citroën Ami, c’est une grande prise de risque car ça n’existait pas avant. On est rentré dans ce marché où il y avait des offres à 12 000-15 000 €, avec cet objet très disruptif et un prix intéressant. On est presque victime de notre succès. L’Ami est acheté par des jeunes, des moins jeunes. On a vraiment réussi à créer un style de vie avec ce petit Ami, les jeunes se l’approprient vraiment. Ils créent même des accessoires avec une imprimante 3D.

L’Ami est plutôt autour de 8 000 €, comment arrivez-vous à ce coût-là ?

Ce n’est pas juste une nouvelle voiture, on apporte quelque chose de bien dans la vie des gens. On a été chercher toutes les solutions pour arriver à un design efficient. C’est pour cela que l’avant et l’arrière sont similaires, les portes aussi. Le design et l’ingénierie ont travaillé main dans la main pour arriver à des solutions qui sont intelligentes. Le projet a été mené en deux ans et demi.

On sort complètement de l’image du “pot de yaourt” qui pouvait coller aux voitures sans-permis. Qu’est-ce qui plaît tant dans l’apparence de l’Ami ?

Le design de l’Ami n’a pas été pensé comme celui d’une voiture. C’est plus du design de produit. Ça lui donne son look vraiment distinctif. Elle a un côté sympathique, qui déclenche le sourire des personnes que l’on croise, sans être un jouet. Pour les jeunes qui la conduisent, c’est clairement un objet dont ils sont fiers et qui leur rendent un service incroyable. En plus sur une toute petite surface au sol, on a beaucoup d’espace à l’intérieur.


Les premières voiturettes électriques sans-permis sont arrivées il y a trois ans au lycée Jean-Vilar. La tendance n'a fait qu'augmenter depuis. 

© Fournis par Objectif Gard Les premières voiturettes électriques sans-permis sont arrivées il y a trois ans au lycée Jean-Vilar. La tendance n’a fait qu’augmenter depuis. 

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