Avant la mère de famille décédée dimanche dernier, à cause vraisemblablement de son airbag défectueux (l’enquête est en cours), d’autres victimes ont été à déplorer, notamment en Guadeloupe, sur l’île de la Réunion, ou encore aux Etats-Unis. En se déclenchant, ces équipements, lorsqu’ils dysfonctionnent, peuvent expulser des projectiles, à la vitesse d’une balle d’arme à feu.
• Publié le 20 mai 2023 à 11h37, mis à jour le 20 mai 2023 à 11h38
L’airbag de la Citroën C3 de la mère de famille morte au volant de sa voiture, à Blanchet/Gourbeyre, le dimanche 14 mai 2023, est pointé du doigt. Cet équipement, supposé défectueux, aurait provoqué la mort de la quadragénaire ; il serait la source des projectiles qui ont endommagé le pare-brise et atteint la victime à la tête.
Après l’autopsie du corps de celle-ci, les soupçons initiaux d’une blessure par balle ont été définitivement écartés par le procureur de la République de Basse-Terre, mercredi. « C’est une certitude aujourd’hui », a dit Xavier Sicot, « on n’a pas un usage d’arme à feu qui a entrainé le décès de cette personne ».
Ainsi donc, un équipement censé accroître la sécurité des automobilistes peut se révéler meurtrier.
Il s’avère que cela n’est hélas pas une première, ni dans le monde, ni en Outre-mer, ni même en Guadeloupe.
Ce n’est pas la première fois qu’un airbag provoque la mort d’un automobiliste en Guadeloupe ; il y a eu d’autres cas.
Il y a un an notamment, dans la nuit du 21 au 22 mai 2022, Simona William, 26 ans, a été perforée par un projectile émanant de cet équipement, alors qu’elle conduisait une Citroën C3. L’accident de dimanche dernier a ravivé de douloureux souvenirs, chez les proches de la jeune femme.
Lydia Quérin et Jean-Marie Mavounzy les ont rencontrés ainsi qu’un garagiste, qui nous apprend par ailleurs qu’un airbag doit être contrôlé tous les 10 ans, en moyenne. Sa dangerosité n’est pas une surprise, pour ce professionnel.
On parle de près de 160 décibels, en termes de bruit ; donc 60 décibels au-dessus de la douleur auditive. On parle d’un déploiement à plus de 300 km/h. Et comme on parle « d’explosive », on parle de 80 degrés d’un coup. Donc, vous comprenez bien que, quand ça explose et qu’il n’y a pas eu de choc, ça peut causer des dégâts.
Fabien Grapin, un garagiste
Le reportage de l’équipe TV de la rédaction de Guadeloupe La 1ère est à (re)voir ci-dessus.
La voiture de la victime de dimanche dernier est-elle concernée par le rappel des 4000 véhicules de la marque Citroën, en France ? Cette campagne de rappel avait été menée, en juin 2022, pour un défaut de fabrication des airbags. Des courriers et SMS ont été envoyés aux acheteurs connus de ces voitures. Mais de nombreux propriétaires n’ont pas été informés, notamment ceux qui ont acheté leur véhicule d’occasion.
C’est ainsi que la famille d’une victime réunionnaise a reçu cette notification 11 mois après le décès de celle-ci, alors qu’elle était au volant de sa DS3. A 39 ans, elle est décédée, touchée par des éléments provenant de son airbag ; c’était le 20 septembre 2021.
Toujours à la Réunion, un homme de 55 ans a été défiguré, après avoir été blessé à la mâchoire, le 30 novembre 2022 ; la société qui lui a loué le véhicule conteste avoir reçu un courrier de rappel.
Chez DS et Citroën, 22.182 véhicules C3, C4, DS3, DS4, DS5, produits entre 2009 et 2017, sont concernés, dont 4789 en Guadeloupe, 7208 à La Réunion, 1856 en Guyane, 4206 en Martinique et 5 en Nouvelle-Calédonie.
A noter que les airbags de l’équipementier japonais Takata, par exemple, sont sensibles à nos climats tropicaux. En effet, les températures importantes et les taux d’humidité élevés sont des conditions favorisant la détérioration de leur agent gonfleur (du nitrate d’ammonium) et provoque leur déclenchement.
Citroën Guadeloupe, qui n’a pas répondu favorablement à notre demande d’interview, affirme respecter les procédures de rappel du constructeur Stellantis.
Depuis le début des années 2000, au moins 25 décès et plus de 400 blessés sont à déplorer, suite à des explosions d’airbags, rien qu’aux Etats-Unis d’Amérique. Les produits en cause émanent principalement de l’équipementier japonais Takata. Même en cas de collision mineure, ils se déploient avec trop de force, propulsant des morceaux de métal ou de plastique.
Une fois détectée, cette dysfonction a mené au rappel historique de plus de 120 millions de véhicules d’une vingtaine de constructeurs, depuis 2001. Une opération qui s’est faite dans un contexte d’opacité de la part de certaines marques.
L’agence fédérale américaine chargée de la sécurité routière estime qu’il reste encore 8 millions de véhicules concernés, sur ses routes.
Le sort de Takata a été scellé, par le scandale ; l’entreprise a été démantelée en 2017.
Mais les airbags d’autres équipementiers suscitent tout autant la polémique. Le vendredi 12 mai dernier, l’agence fédérale américaine ordonne le rappel de 67 millions d’airbags conçus par ARC Automotive, société basée dans le Tennessee, après avoir recensé 9 incidents, dont 2 décès, depuis 2009.
Chez Takata, le gaz était en cause, tandis que le système d’ARC Automotive présente un défaut de soudure. Les effets quoiqu’il en soit sont les mêmes : des éléments peuvent être projetés lors du déclenchement des airbags.
Plusieurs marques de véhicules ou de groupe sont concernées, par cette problématique : Ford, Audi, Volkswagen, Honda, Ferrari, pour certains véhicules, en fonction de leur année de production.
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