La France a inventé le mot « entrepreneur », et pourtant pas de chef d’entreprise au Panthéon. La patrie reconnaissante honore politiques, scientifiques, artistes, résistants ou militaires. Mais de capitaine d’industrie, point. Le président de la République doit réparer cette injustice. Mais alors, qui ? Ne cherchez pas, le candidat idéal s’appelle André Citroën. « Notre grand-père est une histoire française d’inventions, d’optimisme, de charisme, de résilience et de détermination, un visionnaire et un homme proche des autres », plaident Henri-Jacques et Philippe Citroën, deux de ses petits-fils. Il fut aussi une force créatrice sans égale : imaginez qu’entre la commercialisation de la première Citroën et sa mort, en 1935, ne se sont écoulés que seize ans. Seize ans d’audace, de défis, de passion et de panache.
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Henri-Jacques Citroën a créé un comité de soutien et remis son manifeste au chef de l’Etat en août 2023. Le déclic ? La panthéonisation de Joséphine Baker, en novembre 2021. « C’était une amie de mon grand-père qui adorait le music-hall. Elle a chanté sur l’air de “j’ai deux amours” la Citroën dure pour la vie… », sourit le descendant. Voilà pour l’anecdote. Mais il existe mille et une raisons d’élever André Citroën au rang de héros de la République. Voici dix visages d’une légende industrielle.
1-Le fils d’immigré. De père hollandais et de mère polonaise, André Citroën est devenu français à 18 ans afin d’intégrer l’école Polytechnique. La famille est un condensé d’Europe. Marié à une Italienne, André aura pour belle fille une Hongroise naturalisée suédoise… A peine diplômé, l’ingénieur crée une machine à tailler dans l’acier les engrenages à chevrons (à 20 ans, il a acheté le brevet en Pologne) – ces fameux chevrons inspireront le logo de la marque. Premier succès qui ne l’empêche pas de prendre la direction des automobiles Mors, alors moribondes.
2-Un patriote. Combattant en 1914, le capitaine Citroën perd son frère Bernard dans les tranchées ; il s’exaspère de la supériorité militaire des Allemands. Au ministre de la Guerre, il propose la construction d’une usine d’obus, promet 10 000 pièces par jour. De l’achat du terrain – les anciens potagers de Javel, à Paris – à la sortie de la première munition, en juin 1915, il ne s’écoulera pas plus de quatre mois. Un exploit doublé d’une prouesse : en 1917, la production quotidienne atteint 34 000 obus. Les effectifs montent à 13 000, dont 80 % de femmes. André Citroën n’a pas quarante ans.
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3-Un progressiste. Pour ces ouvrières dont la contribution à la victoire est cruciale, « ce patron soucieux de cohésion sociale met en place une politique d’avant-garde, avec garderie, nurserie, infirmerie, vestiaires avec douches. Il instaure, pour les femmes qui ont accouché, des primes mensuelles de naissance et d’allaitement », raconte Henri-Jacques Citroën. Ce même progressisme incitera plus tard André Citroën à promouvoir la conduite par les femmes. Avec un fameux slogan publicitaire des années 1930, « La femme moderne ne roule qu’en Citroën ». Et il assure la reconversion des ateliers de Javel en se lançant, la paix revenue, dans l’aventure automobile qu’il préparait de longue date.
« Il transmet une énergie et un espoir que les gens attristés et déprimés par les effets de la guerre perçoivent. Son charisme aidant, il montrait que tout était possible et cela a marqué les esprits »
4-Un visionnaire. Oui, mais il va réinventer l’auto, en la fabriquant en série, à grande échelle, et en la rendant accessible – il croit à la mobilité pour tous. « Il lui donne à la fois un caractère familial et performant, valorise les notions de souplesse mécanique, de confort, de maniabilité, sans oublier l’économie à l’achat comme à l’utilisation », s’émerveille le député Gilbert Gantier, à l’occasion des 50 ans de sa mort, en 1985. Des objectifs techniques et commerciaux toujours valables aujourd’hui. Philippe Citroën note encore : « Un jour, un dirigeant de PSA m’a montré le manuel du concessionnaire de 1932, en me disant : “Regarde, ce manuel peut s’appliquer à la lettre aujourd’hui.” »
5-Une inspiration. Naît ainsi une icône. Elle parle encore aujourd’hui. Commentaire de son petit-fils : « Un ami psychanalyste américain m’a expliqué : alors que la guerre se termine, André Citroën démarre son activité avec enthousiasme, optimisme et détermination. Il transmet une énergie et un espoir que les gens attristés et déprimés par les effets de la guerre perçoivent. Son charisme aidant, il montrait que tout était possible et cela a marqué les esprits. » Même son grand concurrent Louis Renault l’assurait : « Citroën nous fait du bien, il nous empêche de nous endormir. »
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6-Un producteur populaire. La production débute en 1919, avec la Type A. La « B2 » et la « Cinq chevaux » suivent et rencontrent un vrai succès public. En France et à l’étranger. En cinq ans, Citroën dispose de 5 000 succursales. Ce réseau d’agents et de concessionnaires est entraîné pour fournir un service commercial et technique aux clients sans précédent. André Citroën sait y faire pour rendre sa marque populaire – jusqu’après sa mort. Qui peut se targuer d’avoir conçu autant de modèles mythiques, la Type A, l’autochenille, la première voiture tout-acier (la B10), la Rosalie, la révolutionnaire Traction Avant ? Une impulsion créatrice qui a perduré après sa mort : la 2CV, la DS, l’Ami6, la Méhari, la SM, la CX, la GS, la C6 ont marqué leur temps… Citroën est aujourd’hui la marque la plus collectionnée au monde !
Moteur flottant, suspensions indépendantes, châssis monocoque, freins hydrauliques… André Citroën n’a eu de cesse d’innover. Dans la technique, bien sûr, mais aussi dans la publicité, le marketing, les relations publiques
7-Un battant. « Nouveau venu sur un marché où d’autres fabricants, comme Ford, Renault ou Peugeot, existent depuis longtemps, André devient en six ans le premier fabricant français, et en dix ans le premier européen », témoigne Henri-Jacques Citroën. L’homme qu’il admire, Henry Ford, le Français le rencontrera en 1931. Aux Etats-Unis, il reste un nom, célébré à l’Automotive hall of fame.
8-Un inventeur. Moteur flottant, suspensions indépendantes, châssis monocoque, freins hydrauliques… André Citroën n’a eu de cesse d’innover. Dans la technique, bien sûr, mais aussi dans la publicité, le marketing, les relations publiques. L’illumination des monuments de Paris, c’est lui. Le don des panneaux de signalisation sur les routes de France, c’est lui. Il invente aussi le système de garantie des véhicules neufs, et la vente à crédit. En 1924, il crée la première compagnie des taxis ; en 1931, un réseau de bus qui couvre tout le pays.
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9-Un porte-drapeau. Une décennie durant, le nom Citroën scintillera sur la tour Eiffel. Car partout dans le monde, Citroën, c’est la France. Pour preuve, les célèbres Croisières, imaginées pour démontrer les qualités irréfutables de ses véhicules. « Prouver que l’automobile peut abolir les frontières géographiques, culturelles et politiques dans le monde », telle était sa mission, dit Philippe Citroën. Voilà pourquoi il organisa des expéditions extraordinaires en autochenilles, avec des scientifiques parmi les expéditionnaires, pour mieux connaître les populations, favoriser leur rapprochement et ouvrir de nouvelles voies de communication. » Ce seront la Traversée du Sahara (1923), la Croisière Noire (1924-1925), la Croisière Jaune (1931-1932) – « Le test ultime pour les hommes et pour les machines », dixit André Citroën lui-même.
« Il ne possédait rien en dehors de ses usines, note Henri-Jacques Citroën. Son appartement de Paris était loué, comme la maison de Deauville. Seuls comptaient sa famille, le succès de ses entreprises et d’être toujours à l’avant-garde »
10-Un entrepreneur. Ni capitaliste, ni dirigeant d’entreprise, André Citroën est un entrepreneur, c’est-à-dire un découvreur d’opportunités favorables aux consommateurs. « Il ne possédait rien en dehors de ses usines, note Henri-Jacques Citroën. Son appartement de Paris était loué, comme la maison de Deauville. Seuls comptaient sa famille, le succès de ses entreprises et d’être toujours à l’avant-garde. » En 1932, en pleine crise économique, l’industriel décide de moderniser son usine pour la rendre plus efficace encore que celle de son grand rival Louis Renault. « Son bras droit, Georges-Marie Haardt, décédé la même année, aurait certainement calmé ses ardeurs, précisent ses petit-fils. Les problèmes financiers surgissent. Ni les banques, ni l’Etat ne bougent. Notre grand-père commercialise alors trop vite la Traction… » Malade, il perd le contrôle de sa société et meurt le 3 juillet 1937. Il a 57 ans. Jacques Séguéla écrit, à propos de cette fin tragique : « André Citroën, le funambule sans balancier, aura quitté la scène comme il aura vécu : trop vite. » La légende pouvait naître…
Puisqu’Emmanuel Macron s’est fixé comme priorité de poursuivre la réindustrialisation de la France et d’œuvrer pour la cohésion sociale, puisqu’il estime que « l’esprit français est un esprit d’audace » ou encore que « notre pays a besoin d’optimisme », l’icône André Citroën a toute sa place au Panthéon.
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