Citroën. Une rarissime M35 à moteur rotatif adjugée 34 500

En 1969, Citroën a expérimenté le moteur rotatif sur la M35, conçue sur base d’Ami 8. Une tentative qui s’est révélée un échec avec seulement 267 exemplaires vendus, presque tous détruits. L’un des rares survivants a été vendu aux enchères le 10 juillet 2023 au prix de 34 500 €.

Par Gatien-Hugo Riposseau

Publié le 09/07/2023 – 09:00 Mis à jour le 13/07/2023 – 09:33.

L’une des rares Citroën M35 à moteur rotatif ayant échappé à la destruction a été vendue aux enchères le 10 juillet 2023. Lumière sur cette auto qui vient de changer de main au prix de 34 500 €.

Osenat

À la fin des années 1960, Citroën a passé des accords avec NSU, un constructeur allemand qui comptait dans ses effectifs Felix Wankel, l’ingénieur ayant inventé le moteur à pistons rotatifs, dont le brevet a été déposé en 1929. Ce partenariat, notamment destiné à développer des voitures équipées de moteurs rotatifs, a débouché sur un curieux modèle : la M35. Une auto dont l’histoire surprenante s’est terminée par l’élimination pure et simple de la plupart des 267 unités fabriquées sur les 500 qui devaient initialement être produits. Si une bonne trentaine de M35 ont échappé au pilon, croiser le chemin de l’une d’elles est rarissime. Un exemplaire en excellent état vient d’être adjugé au prix de 34 500 € (41 400 € frais inclus) le 10 juillet 2023,  dans le cadre d’une vente organisée à Fontainebleau (Seine-et-Marne) par la maison Osenat.

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Une auto sauvée de la destruction par un concessionnaire Citroën

C’est la filiale Citroën-NSU Comotor qui a conçu le moteur rotatif monorotor de 995 cm3 équipant la M35. S’il ne développait que 49 ch, ses montées en régime étaient à surveiller à l’aide d’un compte-tours doté d’une alarme juste avant 7 000 tr/min. La M35 était basée sur l’Ami 8 et héritait d’une suspension hydropneumatique. Sa carrosserie de type coupé au design discutable était l’œuvre du carrossier Heuliez. Lorsque la Citroën M35 est sortie en 1969, il s’agissait d’un prototype dont les tests étaient confiés directement aux clients de la marque. Pour la modique somme de 14 000 F, un tarif plus élevé que celui d’une DS, les clients les plus aventuriers pouvaient alors s’engager dans un programme d’essai grandeur nature au cahier des charges contraignant : parcourir au minimum 30 000 km par an, en contrepartie d’une garantie et d’une maintenance offerte durant deux ans.

Sauf que le coût d’entretien exorbitant de ces autos à la fiabilité douteuse a conduit Citroën deux ans plus tard à décider de racheter les modèles à leurs testeurs pour ensuite les détruire. Comme le mentionne son descriptif, l’exemplaire mis en vente a été loué en 1971 auprès d’une concession Citroën. À l’issue de son contrat de location, le client testeur a racheté le véhicule auprès de Citroën, avant de finir par le céder à la concession qui le lui avait loué. Le concessionnaire a sauvé cet exemplaire d’un destin tragique en le conservant précieusement durant quarante-cinq ans, tout en continuant à l’utiliser à des fins personnelles.

Un exemplaire immaculé vendu 34 500 €

Cette Citroën M35 porte curieusement le numéro 410 sur son aile avant gauche, alors que la production s’est cantonnée à 267 voitures. Ce numéro est d’ailleurs confirmé par son numéro de série : 00EA0410. Cette rareté immatriculée en 1971 est l’une des 49 dernières produites. Elle dispose d’une carte grise française en règle et se distingue par un état de conservation absolument exceptionnel. Tout semble neuf ou presque, de la carrosserie en passant par la sellerie qui, au passage, est très proche de celle qui équipait la SM. Le moteur, réputé peu fiable, a semble-t-il été scrupuleusement entretenu au vu de sa belle présentation. Le descriptif ne mentionne pas si cette M35 a fait l’objet d’une restauration esthétique ou même mécanique puisqu’il se borne à mettre en avant le très bel état de l’auto, clichés à l’appui, et à certifier que le moteur fonctionne parfaitement.

L’estimation de ce type de voiture, introuvable, n’est pas chose aisée, surtout quand il s’agit d’une voiture commercialisée en tant que prototype, comme c’est le cas de la M35. Car les transactions sont si peu nombreuses qu’il s’avère délicat de fixer une valeur sur un marché où les surprises sont légion. On se souvient cependant de la vente aux enchères de la M35 d’Henri Heuliez, patron de la carrosserie du même nom, repeinte en bleu à sa demande et totalisant 87 059 km. Estimée entre 20 000 € et 40 000 €, cette dernière a trouvé preneur au marteau pour 14 892 € en juin 2012, peu avant la liquidation de l’entreprise. Une autre M35 de 1970, en moins bon état, est actuellement en vente au prix de 22 000 € en Saône-et-Loire. La M35 qui vient d’être vendue le 10 juillet dernier était quant à elle estimée entre 25 000 € et 30 000 €. Elle a finalement trouvé preneur au prix de 34 500 € (41 400 € frais inclus).

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