80.000 contrefaçons de pièces détachées automobiles saisies en 18 mois dans le port de Marseille

C’est au mois de juillet dernier que les douaniers marseillais ont repéré, dans un conteneur maritime en transit vers l’Algérie, 20 palettes de produits suspects. 81 cartons au total qui renfermaient des pièces détachées automobiles, commercialisées par une société déjà épinglée pour contrefaçon. Au premier coup d’oeil, les douaniers ont confirmé la supercherie : « les documents commerciaux étaient grossiers, mais surtout les pièces détachées portaient les logos de Peugeot, Citroën et Renault alors que les emballages étaient à d’autres noms » raconte un douanier.

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Des saisies de plus en plus fréquentes

En déballant la marchandise les agents de la douane découvraient 11.183 contrefaçons en tous genres : filtres à air, à huile et à carburant, vases d’expansion, et même amortisseurs et tasseaux d’amortisseurs de divers constructeurs. Une saisie qui vient s’ajouter à trois autres opérations qui avaient permis aux douaniers, depuis mars 2023, de mettre la main sur des dizaines de milliers de produits, tels que des caches de chaîne, caches de roues, joints de culasse ou encore des barres anti-roulis,

En 18 mois, la douane de Marseille a ainsi saisi 77.769 contrefaçons de pièces détachées, toutes en provenance de la Turquie, premier pays fabricants de fausses pièces détachées automobiles. La valeur marchande est estimée à quatre millions d’euros. Dans ce pays, où de véritables usines de faux sont implantées sans êtres inquiétées outre mesure par les autorités, pas moins d’un million de pièces avaient été saisies, au cours d’une seule opération dans plusieurs villes, il y a quelques semaines.

« 40 mètres de freinage en plus, c’est la différence entre la vie et la mort », Didier responsable de la protection de la marque Renault

Cette fois Stellantis et Renault ont décidé de porter plainte. « Il y a un préjudice d’image très important pour nous » confirme Didier, responsable de la protection de la marque chez Renault. « Nous avons retrouvé des étriers de freins construits avec des matériaux de piètre qualité, on y a retrouvé des herbes séchées. Au-delà de l’usure très rapide du produit, en cas de freinage d’urgence, nous avons calculé qu’il fallait 40 mètres de plus pour stopper le véhicule. 40 mètres, c’est la différence entre la vie et la mort » poursuit Didier.

Ces produits, à l’aspect visuel presque conforme aux originaux, ne respectent aucune norme de sécurité et n’ont subi aucun test. « Ce que recherchent les trafiquants, c’est le profit, peu importe la sécurité » confirme Guillaume, agent de  Stellantis. « Nous protégeons notre marque, mais aussi la vie et les biens de nos clients. Lorsque un filtre à huile est fabriqué avec du mauvais papier et que le produit est bâclé, vous risquez la panne moteur à tout moment sur la route des vacances« .

Un marché très lucratif bien moins risqué que le trafic de stupéfiants

« Il y a d’abord une forte demande, il y a une réelle pénurie en matière de pièces détachées automobiles sur le marché de l’authentique en Europe. Marseille a des liaisons avec plusieurs ports en Turquie, pays qui est devenu le deuxième producteur de contrefaçons au monde. Et il est vrai que les sanctions sont bien moindres que pour les trafics de stupéfiants ou les trafics d’armes » explique Emerick Atamaniuk, adjoint au directeur des douanes de Marseille. Selon des experts travaillant à la protection des marques constructeurs, une contrefaçon coûterait 10 fois moins cher à fabriquer, et serait revendue environ 50% du prix constructeur, ce qui laisse un taux de rentabilité très important pour les trafiquants.

Pour éviter les contrefaçons de pièces détachées, il est conseiller d’éviter les achats en ligne sur des sites étrangers qui promettent des tarifs trop bas pour être vrais. Chaque produit doit être estampillé d’une étiquette sécurisée. En cas de doute, il faut se rapprocher du constructeur.

Des filtres Renault dans des emballage Itec, un indice de contrefaçon
Des filtres Renault dans des emballage Itec, un indice de contrefaçon © Radio FranceFabien LE DU
La marchandise devait transiter par Marseille avant d'être destinée à l'Algérie
La marchandise devait transiter par Marseille avant d’être destinée à l’Algérie © Radio FranceFabien LE DU
Près de 80.000 contrefaçon de pièces détachées ont été saisie en 18 mois par la douane de Marseille
Près de 80.000 contrefaçon de pièces détachées ont été saisie en 18 mois par la douane de Marseille © Radio FranceFabien LE DU

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